Dans le paysage parfois méconnu de l’enseignement en France, les Maisons Familiales Rurales (MFR) occupent une place particulière. Ces établissements privés associatifs sous contrat accueillent chaque année environ 100 000 élèves dans les zones rurales, leur offrant un cadre scolaire alternatif et adapté. Particulièrement prisée par les jeunes filles, la filière « Services aux personnes et aux territoires » permet à bon nombre d’entre elles de renouer avec l’école et de reprendre confiance en leurs capacités. Ce reportage en Côte-d’Or raconte les parcours d’Eulalie Bigolet et Céline Moreno, deux jeunes femmes pour qui la MFR a été bien plus qu’un lieu d’apprentissage.
Se réconcilier avec l’école et les mots
Longtemps, Eulalie Bigolet s’est sentie en difficulté à l’école, avec le sentiment d’être « nulle » en classe. Pourtant, quelques jours après avoir décroché son bac professionnel Services aux personnes et animation dans les territoires (Sapat), en juin dernier, la jeune femme de 19 ans a pris la plume pour exprimer sa gratitude. Dans une lettre adressée à toute l’équipe pédagogique de la MFR d’Agencourt (Côte-d’Or), elle écrit : « Ces six années m’ont sauvée du désespoir. Avant d’entrer dans votre école, j’étais persuadée que je n’avais aucune capacité intellectuelle. Puis vous m’avez appris, et j’ai eu confiance en moi. » Ses réussites académiques en témoignent : brevet des collèges, CAP agricole Services aux personnes et vente en milieu rural (CAPa Sapver), et enfin le bac professionnel Sapat, tous avec mention.
Pour Céline Moreno, 19 ans également, la MFR de Baigneux-les-Juifs a eu un impact tout aussi déterminant. Avec sept années passées dans cette école depuis la classe de 4e, Céline n’hésite pas à dire qu’elle a été « sauvée » par cette structure éducative.
Une formation qui redonne confiance
Les MFR proposent une approche pédagogique axée sur l’alternance, mêlant périodes de cours et stages en entreprise, permettant ainsi aux élèves de découvrir le monde professionnel tout en poursuivant leurs études. Cette méthode favorise une approche concrète et pratique qui séduit de nombreux jeunes en quête de sens et de motivation dans leur parcours scolaire. Pour les jeunes filles comme Eulalie et Céline, ces formations ont été l’occasion de développer leurs compétences dans un environnement qui valorise l’individu et encourage la réussite personnelle.
Un modèle d’éducation inclusif et bienveillant
Les témoignages de ces jeunes femmes illustrent l’impact positif des MFR dans les territoires ruraux. En offrant un soutien personnalisé et un cadre bienveillant, les équipes pédagogiques jouent un rôle crucial dans la réussite scolaire et l’épanouissement de leurs élèves. Les MFR ne sont pas seulement des lieux de formation, mais aussi des espaces où les jeunes peuvent se sentir soutenus, compris, et valorisés.
Ainsi, pour Eulalie, Céline et bien d’autres, la MFR a été une véritable bouée de sauvetage. Grâce à ce modèle d’éducation alternatif, ces jeunes femmes ont pu non seulement obtenir des diplômes, mais aussi, et surtout, retrouver la confiance en elles et entrevoir un avenir plus serein.
Source : Le Monde par Camille Bordenet, envoyée spéciale à Baigneux-les-Juifs et Châtillon-sur-Seine
Crédit photo : Claire Jachymiak / Hans Lucas pour « Le Monde »